Avec la série "vocations", les auteurs se proposaient d’amener des personnalités de divers milieux à s'exprimer sur eux-mêmes à partir du thème de la vocation, en même temps que d'étudier certains mécanismes de l'interview grâce à un dispositif en trois temps : filmage par une caméra cachée de la préparation de l'interview, interview, puis filmage des réactions de la personne à des extraits des deux premiers moments qu'on lui proposait de visionner.   - Pour cette émission, où l'on retrouve les trois moments de l'expérience, Pierre DUMAYET a choisi d'interroger Jean CAYROL, écrivain et directeur de collection. Dans la préparation de l'interview, Jean CAYROL repousse la notion de vocation, cette "image d'Epinal", cette fausse idée que l'on se fait de l'écrivain et de sa profession qui ne correspond plus à rien dans la société de consommation. Dans l'interview proprement dit, il reprend ces thèmes et les précise. Il n'y a pas d'appel extérieur, celui qui écrit s'appelle lui-même. "Je vis parce que j'écris, j'écris parce que je vis, déclare-t-il, mais je ne mourrais pas si mes oeuvres disparaissaient à condition qu'on me laisse écrire". - Pour Jean CAYROL, il y deux catégories de gens écrivant : ceux qui écrivent des livres pour un public, et ceux qui écrivent des oeuvres et pour qui les livres sont un apprentissage de la vie. Ecrire est pour lui une utilité, non une nécessité : une certaine "mithridatisation", un moyen de se débarrasser des choses gênantes qu'on a en soi de "se récupérer", d'être le lecteur de soi même ; un acte égoïste pur, un "combat contre la mort", un "certificat de vie" mais aussi un moyen de rester en contact permanent avec l'autre et de l'influencer. Jean CAYROL pense cependant que la notion trompeuse d'écrivain va disparaître, qu'il faut désacraliser la création et redonner à tout le monde le pouvoir de l'imagination. - Mis au courant du dispositif, Jean CAYROL s'entretient avec Pierre DUMAYET dans la troisième partie ...